Le concept même de Breakout est ultra basique, placez la raquette et la balle de Pong à l'horizontal, mettez-leur devant le nez un mur à détruire, et le tour est joué. En son temps le jeu a été un carton incroyable en salle d'arcade : faut dire qu'on était au balbutiement du jeu vidéo et nous étions beaucoup moins regardant que maintenant. Taito ayant apparemment fait le même constat fit évoluer l'idée de base en y ajoutant une histoire (?), des ennemis (??), un vaisseau à la place de la raquette (???) ainsi que des items qui sont révélés une fois qu'un type de brique est détruit.

Partant donc de ces idées de gameplay plus récentes, un jeune programmeur du nom d'Alexandre Kral développe un jeu qui à la base est un projet de fin d'étude. Son objectif : produire le meilleur casse-brique au monde ! Rien que ça. Et il le développa dans un premier temps sur le pire ordinateur au monde sur Atari ST.

Nous avons donc droit à un portage dirons-nous, et notre petit Alex n'est pas à une facétie près, puisque tout au long du jeu, la raquette arbore l'horrible logo d'Atari. Passons sur ces considérations artistiques quelque peu douteuses pour nous pencher sur le soft en lui-même... Alors comme ça on veut faire le meilleur casse brique au monde ? Et comment comptes-tu t'y prendre jeune codeur impétueux ?

Et bien il s'y prend tout simplement en prenant le jeu d'origine et en exagérant tous les éléments. Vous trouvez qu'Arkanoid a trop peu d'ennemis ? Là des dizaines foncent droit sur vous à une vitesse supersonique. Pas assez d'options données par le titre d'origine ? Là, des dizaines d'options existent (27 pour être précis) et sont données à profusion au joueur. Krypton Egg nous montre assez tôt toute la folie qu'il renferme, dès le niveau 3, c'est une orgie d'options qui tombe sur le joueur et le tableau n'est prétexte qu'à un immense défouloir, une sorte de friandise avant d'aller directement en enfer.

Y'a un humain normal qui a réussi à le finir ?

Hélas, trois fois hélas, milles fois hélas ! Mais est-ce que le concepteur du jeu a joué aux tableaux qu'il a créés ? A-t-il fait tester son logiciel auprès de tierces personnes ? La difficulté dépasse l'entendement et ce dès le quatrième niveau !!! Il est à mon sens impossible de le passer uniquement grâce à son skill, si un jour vous réussissez à le passer, ça ne sera dû uniquement qu'à votre chance.

On dit souvent que le mieux est l'ennemi du bien. Et bien cette expression n'a jamais autant été aussi juste que dans notre cas. A vouloir trop en faire, trop en mettre, le titre est totalement déséquilibré dans son gameplay, les ennemis et les options en trop grand nombre rendent l'action illisible. Action qui n'avait pas besoin de ça pour être chaotique et particulièrement difficile d'accès, la physique de la balle s'en chargeant.

Vous allez me dire : "Ouais mais c'est parce que t'es une quiche !" ... Bon, peut-être, et alors ? Même les nuls n'ont pas le droit de s'amuser avec un jeu vidéo ? Un jeu vidéo ne doit-il pas être accessible à tout le monde et avoir plusieurs niveaux de difficulté ou tout du moins plusieurs paliers d'accessibilité afin de pouvoir adapter le challenge à tout type de joueur ? C'est ce qui différencie les bons jeux des jeux "mouais", et ce jeu est un jeu "mouais", où le level design et la courbe de difficulté viennent mettre à mal toutes les bonnes idées de challenge. Rassurez-vous (dans l'hypothèse où vous seriez en pleine crise d'angoisse et de remise en question quant à la lecture de ce test) ce jeu n'est pas une exception dans le milieu vidéoludique des années 90, et surtout sur micro où la réalisation était souvent confiée à de jeunes programmeurs isolés sans énormément d'expérience dans la conception d'un jeu vidéo.

Ce jeu est réellement conseillé aux très bons joueurs, ceux qui ont des nerfs d'aciers et qui n'ont pas la tremblote. Et ne me faites pas croire que les quelques testeurs qui ont fait la review de ce jeu et lui ont donné une bonne note y ont joué à la réglo comme j'ai fait, c'est impossible ... Pour ma part, ça va 5 minutes, après j'abandonne, l'effet de surprise et de fun du départ n'y étant plus.