Qui parmi vous n’ont pas inséré au moins une fois cette disquette dans le lecteur de son Amiga ?
Cette démo, vous la connaissez tous ! et les noms de Chertier, Jean-Paul Mac Raoni, Bazou-Bazou ne vous sont étrangers.
Les images de la souris à ventouse, de la calculette binaire Amstrad et des martiens de Lustucrus commencent à vous revenir en tête ? évidement tout ça fait désormais parti de la légende.
La démo des Félés parue en 1990 fut la production francophone qui aura laissé le plus de traces.
Sans doute car elle fut la plus atypique de toutes, incomparables et inclassable parmi les démos de la logithèque Amiga…en deux mots : l’exception culturelle !
Elle fut le fruit de l’imagination et du talent associé de Michaël Lozé (Pépé Louix) graphiste de son état, Jérôme Levasseur (Power) coder, musicien, sound designer qui nous font l’amitié de revenir sur l’aventure des Félés…back to the 90’s
Pourriez-vous vous présenter auprès de nos lecteurs ? tout en conservant évidement les détails trop personnels qui pourraient permettre à toutes les victimes de tes démos de retrouver ta trace.
-Michaël Lozé : PP Louix puis Maicool pour finalement prendre comme pseudo mon vrai nom Michaël Lozé. Je vais prendre 48 ans cette année, je suis marié avec deux enfants ou plutôt jeunes adultes. J’habite dans une maison perdue dans les bois au sud de Rouen pour éviter que mes anciennes et mes futures “victimes” ne me retrouvent.
-Jérôme Levasseur : mon pseudo était Power, j’ai 47 ans sur le papier (bientôt 12) mais d’aspect je me débrouille pas mal et dans ma tête je ne suis toujours pas majeur !
Quels furent vos débuts dans la micro-informatique et l’Amiga en particuliers? Michaël comment as-tu commencé à déposer des pixels un à un sur un écran ?
- Michaël Lozé : J’ai débuté en 1985 avec un Commodore Vic 20 puis un Commodore 128 sur lesquels j’ai surtout appris à coder en basic et assembleur. J’ai débuté le dessin sur C128 mais à l’époque, c’était tout au zoom et sans souris, une vraie torture. Avec l’Amiga et Deluxe Paint, j’ai vraiment commencé à m’amuser au niveau graphique, et j’ai finalement laissé tomber la programmation.
C’est aussi une époque où j’ai bricolé avec Soundtracker avec un digitaliseur de sons de fabrication artisanale qui a permis entre autre d’enregistrer les samples des démos des Félés
Et Jérôme quels furent tes premiers pas ?
-Jérôme Levasseur : J’ai eu un commodore 64 vers mes 12-13 ans, j’ai commencé alors à programmer en basic avec l’aide de la documentation qui était fournie. Il y avait un prof de math dans mon collège qui donnait des cours de programmation en basic en dehors des heures de classe. Ça n’a pas duré longtemps mais assez pour être mordu pour toujours.
Comment le groupe les Félés s’est-il constitué ?
-Michaël Lozé : J’ai tout d’abord fait la connaissance de Power avec qui j’échangeais des jeux sur C64. Beaucoup de jeunes à l’époque se retrouvaient au magasin Nasa (un célèbre distributeur en matériel informatique dans les années 80) dans la salle avec les micro-ordinateurs d’expo et c’était un véritable marché du piratage de jeux.
-Jérôme Levasseur : On piratait tout ce que l’on pouvait à l’époque, sur cassettes pour commencer puis sur disquettes par la suite…et dire que nos mômes ne savent pas ce que c’est qu’une disquette, alors une cassette …
Si mes souvenirs sont bons, nous nous sommes retrouvé chez Snifbeurk (Nicolas Chertier) qui nous a présenté Dominique (Misfit le programmeur du groupe). -Michaël Lozé : À l’époque, Misfit avait un C64 et il est passé à l’Atari 520 ST. D’ailleurs la première démo des Félés se trouve être sur Atari !
-Jérôme Levasseur : J’étais assez chahuteur à cette époque, Dominique avait son 520 ST et tout son matos dans un sac à roulettes. Je m’étais amusé à lui piquer son sac avec toute sa quincaillerie, il était comme un fou en me courant derrière… MDR !!
On est rapidement tous devenu très pote, Nicolas Chertier a vite été satellisé en dehors du groupe, perso j’ai dû le voir deux trois fois en tout.
A l’époque, à part le téléphone fixe pour communiquer on n’avait rien. Alors tout prenait du temps car nous habitions tous à plus ou moins 30 bornes des uns des autres et tous assez fauchés ! faut le reconnaître …
Michaël, en plus des graphismes tu es à l’initiative de « la démo la plus FELES ». D’où t’es venu cette idée ? Fut-elle le fruit d’un long brainstorming entre vous pour garder ou écarter certaines idées ?
-Michaël Lozé : L’initiative est plus à attribuer à Misfit, qui avait fait la connaissance du groupe Demons qui nous a embauché pour participer à leurs démos. Tout comme le fait que les Félés sont devenus nos avatars, Misfit a vraiment posé les bases du groupe. Pour ma part, j’ai fourni les disques (45 tours…) et les artistes pourris que nous avons massacrés, et sans doute l’esprit cartoon bien que Misfit partageait cela avec moi.
Après, ce fut une équipe à géométrie et effectif variable qui pouvait passer de la démocratie pure à l’anarchie ou la dictature. Démocratie sur l’écriture, anarchie parfois qui pouvait donner des résultats trashs et dictature quand on attaquait la partie technique de la démo.
-Jérôme Levasseur : Comme Michaël habitait loin de chez moi, il arrivait par moment de squatter les week-end chez l’un ou chez l’autre.
Notre première démo a été réalisé sur commodore 64, on avait codé une machine à dire des conneries. C’était une image dessinée, genre une machine de production avec un scrolling de sprites (Ouin !!! c’est quoi un sprite ? ND Nicolas Chertier) pour afficher les lettres.
Je ne sais plus ce que l’on avait mis dans le texte, je ne sais même plus si la démo était sortie de chez moi.
Puis ensuite on a vite embrayé sur l’Amiga avec le logiciel Deluxe Paint.
Michaël a toujours un talent pour le dessin : En quelques minutes il me sortait un truc magique à mes yeux ! Je me souviens, un soir où il squattait chez moi, il avait dessiné une souris Atari en la recopiant d’une photo de couverture de journal informatique (Tilt je crois), c’est là que mon génie est entré en action : je lui ai suggéré d’y ajouter des ventouses et ça en a fait rager plus d’un, si ! si ! j’en connais encore un !^^
Nous étions pliés de rire tous les deux. Puis par la suite d’autres dessins comme la disquette et son préservatif ont suivi et enfin l’animation des fêlés etc.… etc...
L’idée de mettre tout ça en démo a vite fait son chemin grâce à Misfit. Autant Michaël dessinait bien, autant Dominique savait coder comme un dieu. Rien n’était difficile pour lui : il pouvait tout faire.
J’imagine que vous avez eu un retour positif de cette production, à l’époque envisagiez-vous qu’elle ferait le tour de toutes les cours de collèges et lycées de France ?
-Michaël Lozé : Le groupe Demons a été un bon distributeur ! C’est même pour cela qu’ils étaient cités dans nos démos même si nous étions des électrons libres. J’ai le souvenir d’un article d’une revue Amiga qui parlait de notre démo comme étant la meilleure de France. Après je crois que l’auteur de l’article nous connaissait…
Sinon, les démos tournaient aussi vite que les jeux crackés dans les échanges, donc la diffusion n’est pas surprenante en soi. Mais le côté décalé de nos productions qui tapaient sur les démos “techniques” a dû beaucoup aider. Les références à la télé également.
-Jérôme Levasseur : Le plus beau retour que l’on ait pu avoir ! c’était au salon de l’informatique à Paris, nous avons eu notre petit moment de gloire, entourés de fans absolus de notre démo.
Encore aujourd’hui l’image de la souris à ventouse Atari reste un gag très prisé qui refait souvent surface dans les discussions de forum Amiga. C’était ton idée de tirer à boulet rouge sur Atari ?
- Michaël Lozé : Chaque ordi a eu son “ennemi”, Amstrad vs C64, Atari vs Amiga, PC vs Mac. Donc c’est plus la photographie d’une époque qu’une réelle initiative. Après, c’était une guerre avec comme seules armes des tartes à la crème. Chaque ordi avait ses qualités et ses défauts.
-Jérôme Levasseur : C’était la guéguerre à l’époque, l’Atari vs l’Amiga ! Qui a gagné ?
On ne parle plus de l’Atari non ?
J’ai bien un copain qui code encore sur Amiga, mais lui c’est carrément un OS qu’il fabrique ^^ Respect !!!
Je vais t’avouer qu’en 92 j’ai appelé Se(R)vices Computer pour parler à Bazou-Bazou la grande folle, la dame qui m’a répondu était excédée : « Ah non ! pas encore !! ça suffit !!! »
Avez-vous eu des soucis par la suite pour avoir « incité » la communauté Amiga à téléphoner au magasin ?
-Jérôme Levasseur : C’était Dominique (Misfit) qui connaissait le magasin Service computer et qui les avait dans le pif.
Le magasin a fermé quand le patron est mort quelques années plus tard. (RIP Bazou).
Je n’ai pas souvenir de soucis quelconque car à l’époque, qui aurait pu savoir que nous étions des voyous sur Amiga, hein ! qui ???
-Michaël Lozé : personnellement non, mais comme je le disais au début, j’habite désormais dans les bois.
Autre icone incontournable : Chertier et ses boutons. Le jeune homme a dû être ravi de figurer en bonne place dans la démo ?
-Michaël Lozé : je me souviens de sa réponse à l’époque “Ouin ! Ah ben non alors ! J’ai pas de boutons !!!”
Rhooo le pauvre, on ne l’a pas raté… J’espère que cela n’a pas trop nuit à sa vie d’ado … d’adulte...
Qu’avait-il fait pour mériter autant d’attention ?
-Jérôme Levasseur : Rien de précis, il était né pour être une victime ^^.
Je ne l’ai vu que très peu de fois, mais par rapport à nous, il ne suivait pas : il n’était pas fait pour faire partie de l’équipe. Sa question “ C’est quoi un sprite ? “ nous a marqué LOL !!!
-Michaël Lozé : je dirais qu’il a été notre “muse”.
Ces démos soulignent une rivalité entre les Félés et les Demons, était-ce la guerre entre vous ? ou une rivalité sympathique et stimulante ?
-Jérôme Levasseur : Les démons, euh, qui ? En fait, c’était des ptits noobs qui voulaient devenir des stars en démo, on ne peut pas leur reprocher, chacun sa place ! Honnêtement on n’était pas du tout dans leur trip et encore moins de la même planète.
-Michaël Lozé : il suffit de voir leur mégadémo pour comprendre que nous n’étions pas vraiment sur la même longueur d’ondes. C’était plus de la mise en boite qu’autre chose mais je pense qu’ils n’ont pas été perdants dans l’affaire vu qu’on parle encore d’eux ^^
Les démos « Megademo » et « Best Of #8 » du groupe Demons
Les démos de l’époque étaient pour la plupart un déluge de scroll-bars essayant d’afficher un maximum de couleurs, tandis que les Félés privilégiaient l’animation et la narration.
C’était une première de proposer ce format de démo sur micro-ordinateur.
-Michaël Lozé : En France oui, après j’avais été impressionné par la démo Budbrains. Je pense que cela a dû jouer. et également une démo qui se terminait avec une chanson qui disait “Laurent a une tête de noeud….” La Megalo Demo de Wild Copper.
Ensuite paru le volume 2 avec beaucoup plus de travail sur l’animation, d’une durée bien plus longue que la précédente et conçue en seulement un mois !
Cela a dû être difficile de trouver si rapidement de nouvelles idées ?
-Michaël Lozé : Les idées venaient en groupe, donc ça fusait à tout va. Pour le reste, c’est surtout des kilomètres en voiture pour venir apporter les graphismes à Misfit et avoir les consignes en retour pour les modifications. Si nous avions eu Internet, je pense qu’on aurait bouclé ça encore plus vite !
-Jérôme Levasseur : Pour la deuxième démo j’ai été moins présent, à part le tapis de souris (enfin je crois…) et la disquette (j’en suis sûr !) j’ai quasiment découvert la démo en même temps que les autres.
Je crois que j’ai fait la musique pour le générique du top 50 mais il est possible que Michaël en ait composé une autre car je ne reconnais pas la mienne lol !!
Cette démo met l’accent sur les émissions de télévision. Vous étiez inspirés par les comiques de l’époque comme les inconnus qui brocardaient la télé?
-Michaël Lozé : Niveau inspiration, pour moi c’était vraiment l’humour Canal+ qui primait, les Nuls, les Guignols et côté BD, j’étais un gros lecteur de Gotlib et Franquin. Après, on a pillé un peu partout, y compris le Bébête Show.
Sur les forums Amiga ce second volet prêt à débat et ne fait pas l’unanimité.
Certains sketches font grincer des dents (les chansons de Rémy Bricka et de C.Jérôme par exemple)
Que répondez-vous aux personnes qui vous soupçonnent d’avoir véhiculé des idées d’extrême droite.
-Jérôme Levasseur : Tout ce que l’on faisait, c’était pour la déconne, c’est vrai qu’en regardant de nouveau la démo, cela peut faire grincer des dents. Mais bon, on avait quoi ? 15-16 ans à tout casser. Nous étions fans de Coluche, Desproges, les nuls, De Caunes qui côté humour noir dépouillaient tout et ne respectaient rien !!
-Michaël Lozé : Jérémy Ferrari, évoquant Dieudonné, disait récemment qu’une blague peut aborder n’importe quel sujet. C’est l’attitude de celui qui la raconte par son comportement en dehors de la blague qui la rend raciste ou pas.
Après il y a eu de l’autocensure, nous n’étions pas totalement en roue libre. Mais oui, il faut admettre qu’avec le recul, cela peut paraître plus qu’ambigu. Mais notre victime à l’époque était feu Pascal Sevran qui nous saoulait avec sa “préférence nationale” en matière de chansons et ses émissions qui sentaient l’ambiance d’avant-guerre. Nous avons forcé le trait, c’était d’ailleurs courant à l’époque, mais l’humour des années 90 n’est plus celui d’aujourd’hui.
(J’en veux pour preuve que même Alain Chabat a osé une blague sur les nazis dans le nouveau Burger Quiz dont il craignait les retours).
Pour notre défense (même si j’assume mes conneries), dans la HouseMisfit, notre “Arabe” était plutôt cool sur son skateboard et Lepen était bien à sa place dans une poubelle !
Et s’il fallait finir de convaincre le public, je suis plus que jamais et j’étais déjà un militant antiraciste et j’ai réalisé des BD sans ambiguïté sur ce sujet. (Dont une avec une vieille facho qui finit explosée dans son four...à gaz, oui j’ai toujours un humour de “merde”)
Sympa le easter egg à la fin de la démo (en appuyant sur la touche Q lors de la séquence de fin avec la speakerine), cela aussi était inhabituel dans une démo…
-Michaël Lozé : Il y avait déjà un easter egg un peu forcé dans le TVhié avec Pierre Bellemiche pour ceux qui appuyaient sur la touche qu’il ne fallait pas appuyer. Après, il y avait un projet en cas de “read/write error” sur la disquette avec des Félés en marin indiquant que la disquette coulait, je crois que l’image est présente mais cela n’a pas été codé.
Une troisième démo des Félés était attendue par les fans, hélas plus de nouvelles par la suite.
Le groupe a-t ’il splitté ou il y a-t ‘il eut une lassitude ?
-Michaël Lozé : Elle a été commencée mais à l’époque j’ai dû faire mon service militaire. Entre temps, j’ai également rencontrée celle qui est devenue ma femme et puis surtout… nous avions un projet de jeu vidéo pratiquement bouclé au niveau scénario, un jeu de sports multi épreuves loufoque avec des aliens (qui ressemblaient beaucoup aux snorkies… plagiat involontaire) d’ailleurs le saut à la perche par-dessus un mur en briques avait été présenté à l’éditeur Titus qui avait été emballé. Les conditions financières proposées étaient très basses et le jeu a été abandonné. Cela a sans doute cassé un peu la motivation du groupe. Nos projets personnels et l’âge également.
-Jérôme Levasseur : Et les Amigas ont été remplacé par des PC…
Ensuite chacun de notre côté nous avons commencé à taffer, et puis vie de couple… tout ci… tout ça…
Mais Michaël et moi ne nous sommes pratiquement jamais perdus de vue.
Que sont devenu C-Dryck et Misfit (programmeur) depuis tout ce temps ?
-Michaël Lozé : C-Dryk doit toujours dessiner des planètes en dégradé quelque part, il a dû passer de Deluxe Paint à Photoshop cela dit.
-Jérôme Levasseur : Dominique (misfit) est devenu programmeur dans une boite de développement de logiciels pros.
C’est une personne qui a le droit à toute mon admiration, son parcours personnel et professionnel impose le respect.
Quel fut ensuite votre parcours professionnel ?
-Jérôme Levasseur : J’ai été technicien en réparation pendant 20 ans dans une société.
Après avoir été responsable d’une des boutiques, j’ai décidé de partir pour diverses raisons.
A présent, je répare toujours mais dans une autre boite.
-Michaël Lozé : comme j’avais un cursus en électronique, j’ai d’abord fait de… l’électronique. Puis en autodidacte, je suis devenu technicien en informatique, en maintenance tout d’abord puis en tant qu’administrateur réseaux. Ensuite, j’ai enchainé différents boulots comme dépanneur en électroménager, formateur pour adultes, coursier chez Fedex, actuellement je suis animateur en centre de loisirs.
Pour la partie dessin, j’ai arrêté pendant près de 10 ans cette activité, et en 2004, suite à un gros coup de déprime, j’ai repris en m’orientant vers la BD.
Trois ans après, j’ai fait la connaissance des Fatals Picards et avec des fans nous avons mis 2 ans pour sortir l’album de leurs chansons en BD. Un tome 2 pour les 10 ans du premier devrait sortir en 2019 si je me donne assez de coups de pieds au cul !
Outre le fait que j’ai pu adapter en BD l’univers d’un de mes groupes préférés, j’ai pu rencontrer des gens que je pensais inaccessibles comme Cauet au Zénith d’Amiens pour le lancement de la BD, Didier Wampas qui a préfacé l’album mais aussi des auteurs talentueux comme mon idole Franck Margerin, Cabu, Tignous et Charb bien avant leur triste départ sans oublier ma grande copine Laetitia Coryn.
Et je ne parle pas de tous les autres avec lesquels j’ai collaboré ou je collabore encore qui n’ont peut-être pas une aussi grande notoriété mais un énorme talent ! (Diway, Inko Niko et Nikopek, je vous kiffe !)
Quels sont les meilleurs ou les pires souvenirs que vous conservez de cette période ?
-Michaël Lozé : mon pire souvenir c’est le bloc d’alimentation de l’Amiga ! Celui du C64 n’était déjà pas top ! moulé dans un bloc de plastique, mais franchement, un ventilateur interne n’aurait pas été du luxe vu le temps que je passais sur mon ordi.
Sinon, beaucoup de temps passé avec mes potes, des week-end à se fendre la gueule et parfois des coups de gueule mais ce n’était jamais grave.
-Jérôme Levasseur : A chaque fois que l’on se voyait tous les trois de manière générale c’était assez court…mais on se marrait bien.
Le meilleur souvenir est je pense l’intégralité de nos créations : on a marqué une époque.
La souris à ventouse, putain d’idée de génie, non ? (Ouais, je sais, je me la pète)
Et les meilleurs souvenirs concernant l’Amiga ?
-Jérôme Levasseur : Tellement de jeux … Pour moi l’amiga c’est Battle Squadron, IK+, Speedball 2, Alien Breed (Welcome to intect system) Sound tracker ... On avait fait une musique avec un autre copain du lycée pour un autre copain qui était parti faire des études en pensionnat. C’était une chanson de lui et de sa copine, avec des bouts de nos voix (digitalisées à l’époque avec une extension qui le permettait). Le tout enregistré sur une cassette, mise dans un colis avec un livre de Titou, un kit de plage seau/pelle/râteau/tamis. Trop content de recevoir un colis, il l’a ouvert devant tous ces potes… Un vrai carnage …
-Michaël Lozé : la révélation qu’un ordinateur n’est pas une fin en soi mais bien un outil pour créer. C’est sans doute pour cela que j’ai abandonné la programmation et que Deluxe Paint est devenu mon “jeu” préféré. Dommage que la version PC ait été si mauvaise !
Jérôme as-tu poursuivis tes pérégrinations en informatique ?
-Jérôme Levasseur : J’ai toujours aimé programmé, mais jamais rien de professionnel. En 2002 j’ai participé à un concours international “Rétro compo”, il s’agissait de recréer un jeu des années 80. Bon, j’ai fait deuxième sur cent, ça claque hein !
Si tu veux voir, on peut toujours le télécharger ici : http://www.caiman.us/scripts/fw/f3178.html
Puis rien de précis pendant longtemps et tout à coup, un jeu sur androïd : https://play.google.com/store/apps/details?id=com.SpaceInvaders.jlapp
Un space invaders, très space ! Peut-être peut-on y voir ma dépendance aux jeux vidéo et à l’Amiga !!
Michaël, tu continues à créer des visuels, on peut voir notamment ton travail en bande dessinées « Les chansons des Fatals Picards en bande dessinées » aux éditions Adalie qui illustre une douzaine de morceau du groupe.
-Michaël Lozé : outre un tome 2 des Fatals en BD, j’ai co-fondé une association qui se nomme Fr.K@waï et nous publions (enfin nous essayons…) des fanzines régulièrement. Sinon, j’anime des ateliers de dessin pour les ados ou la liberté d’expression prime avant tout, donc pas de censure, même si parfois mes “stagiaires” me font un peu peur (comme certains en voyant nos démos peut-être…).
Sinon, j’ai ré-adapté “Goldorak est mort” façon manga sur Youtube et je ne suis pas peu fier de compter des millions de vues sur “punk à chien” (d’ailleurs, c’est en voyant ma BD que les Fatals l’ont interprété sur scène pour la première fois à St Etienne du Rouvray et qu’elle est depuis devenue un incontournable de leur répertoire !)
Et de ton côté Jérôme, ça code toujours ?
-Jérôme Levasseur : Actuellement je programme un Ghost and Goblins.
J’ai plein d’idées, le projet avance bien, le 1er niveau est presque fini (c’est un presque à moi, faut pas le comparer au presque normal)
Une fois terminé, je lance un financement participatif et si ça marche bien, je ne fais plus que ça !!!
La page Facebook de mon jeu :
https://www.facebook.com/CaptainOuais/
La page Youtube de mon jeu :
https://www.youtube.com/watch?v=46NueDZzpKg
Je vous laisse conclure avec un dernier mot pour nos lecteurs :
-Jérôme Levasseur : Salut les gens, fans et autres aliens de tous bords !
-Michaël Lozé : Je reste toujours surpris qu’une série de blagues faites avec des potes soient toujours visible presque 30 ans après. J’avais déjà été surpris en cherchant des traces de nos exploits qu’il y avait des fichiers ADF de nos démos (perso, mes disquettes ont été longtemps stockées dans un garage et jetées depuis… avec les restes de mon Amiga)
Je conçois que le contenu choque, j’ai d’ailleurs mis du temps à assumer cela, mais je pense qu’il faut vraiment se remettre dans l’état d’esprit de l’époque. Je ne regrette rien, même notre échec de sortir un jeu vidéo (sauf peut-être le fait que je n’y jouerai jamais, et pourtant il y avait de quoi se marrer).
Les démos restent un vestige qui n’a plus d’équivalent de nos jours, les témoignages d’un temps où le téléphone, la poste, les transports en commun étaient les outils d’un groupe de démomakers. Le fait que l’informatique se résume au PC (et un peu au Mac) a aussi joué énormément. Je ne parle même pas de la disparition de la disquette, je vais passer pour un vieux con, mais le fait d’avoir une limite de capacité nous obligeait à se surpasser.
Bref… j’arrête, je vais encore avoir un coup de nostalgie. ;)