Bonjour,
alors aujourd'hui au menu, les BBS.
Pour ceux et celle que ne le savent pas... à une certaine époque, avant l'internet (oui il y a eu une époque sans internet et téléphone portable) il y avait des BBS...
Les BBS ou BulletinBoardSystem pouvaient être légale ou illégal (le monde du Warez) : le sanctuaire ou les pirates de tous les pays pouvaient se rencontrer sur le chat, les forums, poster ce qu'ils voulaient notamment les fameux jeux/utilitaires originaux, les versions crackés, des musiques, des graphismes, des démos bien sur ainsi que de l'ASCII art !
La vitesse des modems RTC variait 9600 bps, 14400 bps, 28800 bps, 33600 bps et la Rolls : 56000 bps
Quelques écrans d'une BBS fonctionnant sous AmiExpress :
L'écran du SYSOP c'est à dire du propriétaire de la BBS
L'écran principal à gauche et à droite le listing de fichier d'un répertoire de la BBS :
A gauche, l'écran pour savoir qui est en ligne (WhoIsOnline) et à droite le MultiChat
A gauche, à nouveau l'écran WhoIsOnline et à droite l'écran pour savoir qui sont les derniers utilisateurs à s'être connecté à la BBS (LastCallers)
Il fallait donc trouver des numéros de téléphone hébergeant une BBS publique, privée ou pirate
Là commence les difficultés pour les BBS pirates/privés :
- avoir accès à une BBS "Elite" pour avoir les dernières news (il fallait être membre d'un groupe ou/et avoir de bon contacts...)
- avoir accès à une BBS avec plusieurs canals (nodes) (et oui certaines BBS n'acceptait qu'un seul utilisateur à la fois, là où certaines acceptait 4 utilisateurs connecté en même temps, le luxe !) Attention à ne pas monopoliser le canal !
- la plupart des BBS Warez pratiquait le ratio U:L (upload/download) si vous voulez prendre des logiciels, il faut en uploader, il faut faire vivre la BBS ! Il fallait donc courir d'une BBS à l'autre pour DL (downloader) puis UL (uploader) ce qu'une BBS avait sur celle qui ne l'avait pas. Le top, avoir des exclusivités ! Là on peut inonder les BBS avec sa démo, sa version pirate etc...
- certaines BBS faisaient aussi des limites au niveau du temps de connexion !
- et enfin avoir de l'argent pour payer les factures de téléphone ou trouver un système pour les payer (phreaking, calling cards...)
Et c'est là qu'entre le phreaking, notamment le phreaking logiciel sur Amiga par exemple le logiciel inédit à l'Amiga, la Whitebox créer pour les Australiens :
Si je vous parle de cela ce n'est pas uniquement parce que le code source de l'Amiga OS3.1 a été en 2016 diffusé sur internet et les BBS autrefois... c'est que ca fait parti de l'histoire de l'Amiga, de l'informatique et des télécommunications.
Si vous en doutez, alors peut être que vous repenserez aux messages sur les démos/intro/crack avec le message :
...Call our BBS... suivi de numéro et autres informations.
Ces chiffres qui peut être ne signifiait rien pour certaines personnes étaient en réalité le grââl possible et l'accès à des BBS.
Le seul souci ne pas avoir de factures de téléphone trop élevé ou carrément ne pas payer de facture téléphonique du tout !
Il existe plusieurs solutions :
- les calling cards : ca fonctionnait un peu comme une carte téléphonique sauf qu'il s'agissait d'un numéro de téléphone ayant des crédits téléphoniques. Le seul souci, si l'entreprise se rendait compte du hacking, il cloturait rapidement le compte. Il fallait donc réussir à trouver de nouveaux numéros régulièrement.
- le blue boxing lui apparu comme un moyen infini. Le principe est "assez" simple mais encore fallait-il en avoir l'idée (pour l'idée on citera John Draper, le fameux Captain Crunch) :
On appel un numéro vert international donc gratuit (800-xx), avant que la ligne décroche (vous savez ca fait tututututtutu, ttuuuuuttt) on envoi ensuite à l'aide d'un matériel ou logiciel (bluebox) une fréquence de 2600 Hz pour suspendre la ligne, les télécommunications pensent que vous avez terminé l'appel du moins du coté du serveur téléphonique international, du coté de votre opérateur téléphonique ils pensent que vous êtes toujours en ligne. Vous avez donc une ligne téléphonique gratuite attribué rien que pour vous )
Il faut ensuite envoyer un Key Pulse pour récupérer la ligne suivi d'un numéro de téléphone de son choix : un(e) ami(e) à l'autre bout du monde, ou une BBS pour avoir les dernières hot warez stuff 0 days ! Le tout terminer par un "Start tone"
Aux yeux de votre opérateur téléphonique, vous êtes en communication avec un numéro vert !
Ce genre de souci disparu plus ou moins avec l'avenement d'internet puisque des BBS passèrent du fonctionnement en RTC au TELNET (un protocole internet tout comme le FTP ou le HTTP).... on se connectait donc à son fournisseur internet en RTC puis on utilisant un utilitaire (VirTerm, AmTelnet, DCTelnet, mais c'est une autre histoire )
Voici le parcours "classique" sur une BBS : Hidden Power du groupe nIGHTFALL :
écran de login du SYSOP (propriétaire de la BBS)
écran principal du SYSOP :
L'écran de login d'un utilisateur (une fois que vous avez réussi à joindre le numéro de la BBS, c'est l'écran d'accueil)
Sur l'écran de login, donc une fois le numéro ou le telnet contacté, vous devez avoir un login et un mot de passe. Si la BBS est ouverte vous pouvez entrer comme login : "guest" (invité) ou "NEW" (pour créer un nouvel utilisateur).
Si c'est une BBS fermé, un ami aura alors créer pour vous un login/password que vous n'aurez plus qu'à entrer. Ca limite l'encombrement des lignes de la BBS et filtre les utilisateurs.
Ah oui un détail, les écrans des BBS sont configurables et des tonnes de scripts existent pour proposer de multiples fonctions.
L'écran d'accueil de la BBS :
Le fameux "Wall" des BBS ou les utilisateurs laissent un petit message (zut une BBS italienne ;)
Les différents répertoires ou l'on pourra uploader/downloader des fichiers, pour nous c'est "aMIGa eLITe!"
L'écran du SYSOP qui peut observer les derniers utilisateurs qui se sont connectés :
L'écran des statistiques du compte "X/\D" :
L'écran principale de la BBS pour les utilisateurs :
Vous voulez participer à une conférence et discuter, ici "aMIGA wAREZ" :
L'écran quand on s'apprête à se déconnecter de la BBS :
Et enfin le message de fin de la BBS :
Retour au monde réel et fin de l'aventure sur la BBS... ca peut être très immersif.
La même chose en vidéo
Il fallait apprivoiser un peu chaque BBS, les menus et après ca allait très vite surtout si le temps de connection était compté.
Et puis vous pouviez aussi régler vos préférences d'utilisateurs (genre aller directement à la zone aMIGa par défaut...)
Vous pouviez aussi chatter, laisser des messages, une sorte de minitel quoi ;)
Les écrans de la BBS ci dessus ne sont qu'un exemple il y en a d'autres possibles comme par exemple ci dessous les écrans de la BBS "entropy" avec les TOP uploaders (ceux qui ont envoyés le plus de fichiers à la BBS) :
mais aussi les TOP download (ceux qui ont pris le plus de fichiers sur la BBS, appelé aussi les leechers)
Ici c'est "entropy", une BBS privée, et pas la moindre puisque c'est la BBS principale de nouvelle zelande (NZHQ) de Fairlight Amiga ! Pas question d'invité, il faut avoir un accès personnel.
Les répertoires Amiga de la BBS :
Et ci dessous le listing d'un répertoire et les fameux fichiers .DMS qui compresse une disquette en un fichier .DMS pour gagner du temps d'upload/download et de la place sur le serveur. Attention toutefois pour les disquettes originales, il fallait d'autres formats de compression car DMS indiquait des erreurs quand il tentait de lire les pistes protéger donc impossible de faire l'image de la disquette. Il fallait utilisé d'autres utilitaires mis au point par les pirates comme MFMWarp par exemple qui permettait tout de même de créer une image de la disquette et donc d'outrepasser la protection de la disquette sans forcement dupliquer la protection. Au crackeur ensuite de comprendre comment l'appel à la protection fonctionne et feinter la protection. Si il n'y arrive pas, la disquette originale peut toujours être envoyé par le réseau classique postal.
Certains groupes mettaient très peu de temps pour pirater un jeu là ou certains n'avaient pas encore la même expérience. Parfois des versions pas totalement piratés circulaient car le jeu n'avait pas été testé dans son intégralité. Il arrivait qu'un même jeu soit piraté par différents groupes pour nous joueurs illégal l'important était d'avoir un jeu qui fonctionne. Pour les pirates le but était de sortir le jeu le premier pour l'uploader sur les BBS.
Certains groupes justifiaient le piratage d'un jeu déjà piraté car il pouvait le faire par eux même et puis aussi parce que les réseaux de distribution pouvait être diversifié. D'un point de vue tactique à chacun de voir et puis parfois l'intro pirate est plus sympa sur certains jeux que d'autres et l'on pouvait aussi rajouter un trainer (un mode de triche, vie infinies, sauter des niveaux du jeu...)
Là encore il y avait parfois des compétitions à celui qui ferait le meilleur "trainer".
Autrefois quand les jeux ne prenaient pas une disquette complète, il était parfois possible de compresser le jeu en un seul fichier éxécutable de faire des compilations de jeux pour faire tenir plusieurs jeux sur une disquette, très pratique car les disquettes coutaient cher à l'époque !
Pas très avantageux en terme de ratio d'uploader une disquette avec plusieurs jeux sur une BBS me direz vous, certains groupes s'étaient spécialisés dans ce genre de processus, ne sachant pas forcement enlever une protection on pouvait voir alors : cracked by Quartex, packed by Defjam .
Mais revenons un peu vers ces fichiers .DMS et les BBS, on accompagnait souvent les .DMS d'un .diz qui donnait des informations sur le fichier en question comme ici, le nom du jeu : Crystal Kingdom Dizzy, celui qui a fourni l'original : Supplied by : Striker, la protection rencontré sur l'original : MFM et le nom de celui qui a piraté la protection : Gaston.
On pouvait aussi avoir de beaux logo Ascii/ANSI :
Il y avait donc des personnes qui créaient ces logos, certains groupes avaient des membres dont leur fonction principale était la création d'ascii, certains développaient un genre particulier, un style tout comme un graphiste.
Voici des exemples que j'ai réalisé de différents styles :
Comme vous voyez on peut avec de simple caractère ascii créer de multiples genre possible pour écrire un logo "Insert Disk 2"
Il y avait aussi parfois des ascii animés, voir des pages entières faites d'ascii comme on pourrait faire une image bitmap.
Un exemple pour dessiner un E
On pouvait aussi choisir une police de caractère plus adapté que la classique Topaz de l'amiga.
Quelques exemples que j'ai créer pour "Insert Disk 2" :
Une version finale plus sobre :
Il existe aussi sur Amiga des utilitaires pour convertir des images en ASCII avec un résultat plus ou moins correct.
Des espaces sur les BBS était donc consacrés à l'ascii :
Mais aussi l'atari :
Tout un tas de choses concernant les BBS (utilitaire, script...)
Du C64 et oui :
mais aussi les consoles, bon ici c'est très extrème, je doute qu'il y avait beaucoup de chose sur l'ATARI 2600 quoi 2549 fichiers !
Allez hop retour au menu principale de la BBS "entropy"
Et cette fameuse scène avait aussi des magazines bien sur, avec des systèmes de vote pour le meilleur pirate, musicien, graphiste, coders, demos, magazines... voici quelques noms de magazine ou de charts : Cracker Journal, R.A.W. Grapevine, Eternal, R.O.M., Zine, Seenpoint, Chit Chat, Oepir Risti, Eurocharts, European Top 20, The Charts...
Ce qui inévitablement conduit à élargir un peu la gamme des compétences des membres d'un groupe à celui de rédacteur, journaliste.
Afin d'en savoir plus sur la scène Amiga, je vous invite à consulter les mags/charts sur Amiga OCS ou Amiga AGA
Les diskmags les plus récent sont je crois Versus et Irregular Review
Le site Kestra recense tout de même à la date du 20 janvier 2019, 1673 production classé comme diskmagazine mais bon ceci est une autre histoire et je vous invite donc à découvrir par vous même ces diskmags.
Pour en revenir au BBS, il faut aussi savoir qu'afficher la BBS en couleur (ANSI) est certes visuellement plus pratique mais que cela demande aussi plus de bande passante, une option que l'on peut choisir bien sur.
Voici quelques liens si vous voulez en savoir plus :
ou sur Wikipedia UK